Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5355

Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 530).

5355. — À M. LEKAIN.
À Ferney, 30 juillet.

Vous verrez, mon cher Garrick de France, par ma réponse à messieurs vos confrères et à mesdames vos consœurs[1], combien j’ai été touché de l’attention qu’ils ont bien voulu avoir pour moi. Il me faut à présent autant de talents que de zèle, et c’est ce qui est fort difficile. N’allez pas croire, mon cher ami, qu’à soixante-dix ans on soit bien échauffé par les glaces du mont Jura et des Alpes. Un vieillard peut faire des contes de ma Mère-l’oie ; mais les tragédies en cinq actes, et les vers alexandrins, demandent le feu d’un jeune homme : je n’ai plus malheureusement que celui de ma cheminée. Peut-être que le souffle de mes anges pourra ranimer en moi encore quelques étincelles. Je vous réponds de mes efforts, mais non pas de mes succès. Je vous réponds surtout de la tendre amitié que conservera pour vous, toute sa vie, le Vieux de la montagne.

  1. Les acteurs et actrices sociétaires de la Comédie française : la lettre est perdue.