Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4957

Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 157-158).

4957. — À M. DEBRUS[1].

J’envoie le mémoire ci-joint à M. Debrus, et je le prie de n’écrire qu’en conformité. L’avocat Élie de Beaumont est ardent. Il nous faut de tels amis. D’ailleurs il s’est acquis depuis peu de la considération. Ne troublons point une pauvre infortunée, incapable d’affaires. Ménageons sa douleur, sa faiblesse et son embarras. Laissons agir les amis à Paris, Écrivons de tous côtés en sa faveur. Soulevons le ciel et la terre.

Voilà ce que j’écrivais à quatre heures après midi, 8 juillet. Je reçois la lettre de M. Mariette avec la lettre de Mme Calas, que je renvoie à M. Debrus. Je vais écrire à M. Mariette de demander si, dans une affaire aussi extraordinaire, on ne peut pas, avec de la protection, agir d’une manière extraordinaire, et demander que le chancelier se fasse représenter les pièces du procès. Nous agissons fortement auprès de monsieur le chancelier.

J’insiste toujours sur la protection de M. de Chaban.

J’écris et je vais faire écrire à M. Tronchin.

Dès que Mme Calas aura besoin d’argent, je lui en ferai tenir.

Il importe peu à Paris de quelle religion sera le jeune Lavaysse[2] ; il peut être mahométan ou juif, sans que personne s’en soucie : ce n’est pas comme à Toulouse. Il importe absolument qu’il aille avec Mme Calas chez ses protecteurs. Je vais écrire à M. le duc de La Vallière et lui demander s’il peut présenter la veuve à Mme la marquise de Pompadour.

Soulevons toujours le ciel et la terre, c’est là mon refrain.

À cinq heures du soir, 8 juillet. On peut envoyer ces deux papiers à Mme Calas.

  1. Éditeur, A. Coquerel.
  2. Il avait eu la faiblesse d’abjurer, comme Pierre Calas, mais, comme lui, il ne persista pas dans une conversion que lui avaient arrachée la crainte et les mauvais traitements. (Note du premier éditeur.)