Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4929

4929. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC[1].
Aux Délices, 11 juin.

Vous avez dû recevoir, monsieur, un ouvrage[2] fort curieux et qui peut servir de commentaire à celui[3] que vous lisez actuellement, ou plutôt que vous ne lisez plus. Car tout admirable qu’est ce livre, il lasse un peu à la fin, et l’uniformité des beautés ennuie.

J’ai rattrapé un peu de santé, et j’en ai grand besoin pour porter le fardeau insupportable des dernières pièces de Corneille. Je ne peux encore vous envoyer celle que nous avons jouée ; nous n’avons fait que l’essayer. C’est une pièce presque toute de spectacle, et qui exige une vingtaine d’acteurs. Notre théâtre est si joliment entendu qu’on y pourrait jouer l’opéra.

Voici une petite lettre assez curieuse[4] qui ne grossira pas trop le paquet, et qui pourra vous amuser. Il y a une affaire horrible à Toulouse produite par le plus affreux fanatisme. Vous en entendrez bientôt parler, si vous ne la savez déjà.

Adieu, monsieur, conservez-moi vos bontés, dont je sens tout le prix.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Les Sentiments de Meslier.
  3. La Bible.
  4. La Réponse au sieur Fez, du 17 mai.