Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4817
Mon cher confrère en Apollon, je suis très-sensible aux soins que vous avez pris de faire parvenir mes lettres à ma nièce[2]. Il n’importe qu’elles soient contre-signées ou qu’elles ne le soient pas. C’est toujours un bon office que vous avez la bonté de nous rendre.
On dit beaucoup dans Paris que le roi de Prusse a la goutte dans la poitrine et dans la tête ; il est vrai qu’il a eu souvent dans la tête et dans le cœur des choses plus dangereuses que la goutte, j’entends plus dangereuses pour le prochain.
On dit que l’impératrice de Russie, de son côté, est tombée en apoplexie. Voilà les nouvelles du Nord et de l’Orient ; vous ne me mandez jamais celles de l’Occident.
Avez-vous été voir le Droit du Seigneur, ou l’Écueil du Sage ? Cette pièce est d’un académicien de Dijon, à qui je m’intéresse beaucoup. Je vous prie de me mander si elle a eu quelque succès, car il faut toujours encourager les jeunes gens.