Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4802

Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 8-9).
4802. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
Aux Délices, près de Genève, 14 janvier.

Monsieur, il me semble que je vous avais fait mon compliment sur la conquête de Colberg un peu avant que cette place fût prise par vos armes victorieuses[1]. Si on me reproche quelques méprises sur les événements passés, vous voyez que je ne prédis pas mal l’avenir, et que mon vrai métier est d’être prophète. Je vous prophétise donc de plus grandes choses qui mettront le comble à la gloire de votre nation, et qui seront une belle réponse à celui qui prétendait que le mot honneur ne se trouvait pas dans votre langue. Il me semble que vous avez l’honneur de la victoire, de la conduite, de la magnanimité, de la probité ; et je doute que celui qui vous a outragé ait un dictionnaire pareil à son usage. J’ignore quel est cet écrivain ; mais c’est à lui à corriger son livre. Pour le premier tome de Pierre le Grand, soyez sûr, monsieur, qu’il sera conforme à toutes vos vues, après mes petites représentations.

Je n’ai de place que pour vous assurer du tendre respect que je conserverai toute ma vie pour Votre Excellence, etc.

  1. Voyez la lettre du 24 octobre 1761, n° 4717.