Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4774

Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 550).

4774. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 12 décembre.

Ô anges ! voici une réponse à une lettre de M. de Thibouville, que je crois écrite sous vos influences.

Renvoyez-moi Cassandre cartonné, et je vous le renverrai sur-le-champ recartonné.

Ah ! mes anges, cela vaudra mieux que ce benêt de Ramire, qui ne sera jamais qu’un beau fils, un fadasse, un blanc-bec.

Je suis obligé de confesser à mes anges que je serai probablement forcé d’imprimer Cassandre dans trois mois au plus tard, pour des raisons essentielles, et que c’est une chose dont je ne serai pas le maître.

J’estime donc que, pour verser un peu d’eau des Barbades dans la carafe d’orgeat de Ramire, il conviendra de donner Cassandre tout chaud.

Je prends la liberté de demander des nouvelles du prince de Chalais, marquis d’Excideuil[1], comte de Talleyrand, ambassadeur en Russie en 1634, avec un marchand nommé Roussel. J’ai besoin et intérêt de tirer cette fable au clair. Vous avez un dépôt des affaires étrangères depuis 1601. M. le comte de Choiseul daignera-t-il m’aider ?

J’attends l’Espagne, je ne rêve qu’à l’Espagne. Je baise les ailes aux anges.

  1. Voyez tome XVI, page 420.