Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4489

Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 234).

4489. — À M. FABRY[1].

Je suis tout prêt sans doute, mon cher monsieur, à tirer la commune de Fernex ou Ferney du bourbier où le chicaneur Budée de Montréal l’avait plongée ; et, quoiqu’il me reste très-peu d’argent, attendu qu’on me pille de tous côtés, cependant je payerai volontiers pour ces malheureux.

J’ai passé l’acte dans cette vue, mais suivant le bon plaisir de monsieur l’intendant. Il faut donc qu’il réforme son bon plaisir ; il faut donc qu’ayant ordonné que tout le village se cotise il ordonne à présent que les communiers empruntent. Je laisse à vos soins, à votre prudence et à vos bontés, l’arrangement de cette petite affaire. Tout ce que vous déterminerez sera bien fait. Vous êtes accoutumé à débrouiller des choses plus difficiles, et vous mettez partout de la facilité et de la justice. Quand vous voudrez me communiquer vos idées et vos ordres sur le très-inculte et très-misérable pays de Gex, je tâcherai de marcher à votre suite.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments d’estime et de confiance qu’on vous doit, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

  1. Éditeurs, Bavoux et François.