Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4335

Correspondance : année 1760
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 63).

4335. — À MADAME LA COMTESSE D’ARGENTAL.
15 novembre.

Je reçois, madame, toutes vos bontés du 7 novembre, tous les témoignages de votre attention angélique, de votre goût, de votre zèle inaltérable pour Tancrède. Je n’ai qu’un moment pour y répondre ; il est une heure trois quarts, la poste part à deux heures. Que vais-je devenir ? Prault m’écrit qu’on imprime partout Tancrède défiguré, qu’il va le défigurer aussi. Mes anges peuvent-ils parer à ce coup funeste ? Je vais être déshonoré ; Mme de Pompadour croira que je me suis moqué d’elle. Ne me reste-t-il qu’un parti, celui de faire vite imprimer à Genève, et d’envoyer la pièce imprimée par la poste, en désavouant l’édition de Prault ? J’aurai l’honneur d’écrire#1 le 17 à mes anges ce que j’aurai pensé à tête reposée. Mon cœur, qui va plus vite que ma tête, vous écrit lui tout seul ; il est pénétré pour vous de la plus tendre et la plus respectueuse reconnaissance.[1]

  1. Si cette lettre fut écrite, elle a échappé aux recherches de nos prédécesseurs.