Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4217

Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 496).

4217. — À M. DAMILAVILLE.
À Ferney, 6 août.

Je suis extrêmement sensible, monsieur, à toutes les marques d’attention que vous voulez bien me donner. Je n’ai point vu mes lettres que le sieur Palissot a jugé à propos d’imprimer : je doute fort qu’il ait conservé la pureté du textes[1]. On dit aussi qu’on a imprimé un factum de Ramponeau, dans lequel on a tronqué plusieurs passages, et étrangement altéré le style de cet illustre cabaretier[2]. Comme je suis tout à fait son serviteur, en qualité de bon Parisien, je suis fâché qu’on ait défiguré son ouvrage.

On me parle beaucoup de la comédie de l’Écossaise, traduite de l’anglais de M. Hume, prêtre écossais. On prétend que le sieur Fréron veut absolument se reconnaître dans cette pièce ; mais comment peut-il penser qu’on ose dire du mal d’un homme comme lui, qui n’en a jamais dit de personne ? Je n’ai point vu la Requête du sieur Carré, traducteur de l’Écossaise, contre le sieur Fréron ; on dit qu’elle est très-honnête et très-mesurée.

J’ai oublié, monsieur, votre demeure ; mais je suppose que ma réponse ne vous en sera pas moins remise. J’ai l’honneur d’être bien véritablement, monsieur, votre, etc. V.

  1. Il s’était permis en effet quelques suppressions.
  2. Dans les diverses éditions du Plaidoyer de Ramponeau, données jusqu’en 1830. le texte était plus ou moins altéré ; voyez tome XXIV. page 118.