Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4213

Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 492-493).

4213. — À MADAME DE FONTAINE.
Aux Délices, 4 août.

Avez-vous reçu, ma chère nièce, un paquet dans lequel il y avait un exemplaire de l’Histoire du czar, avec un autre ?

Vous venez de perdre votre oncle Montigny[1] ; il faut bien s’accoutumer à perdre ses oncles, et que la loi de nature s’accomplisse ; nous en sommes actuellement aux cousins. Daumart est condamné à mort par la Tournelle de Tronchin. Qui aurait cru que ce jeune homme de vingt ans passerait avant moi !

Je ne sais aujourd’hui aucune nouvelle. Le roi de Prusse m’a écrit[2] en rentrant de Saxe ; il me paraît de bien mauvaise humeur. Tout le monde désire une paix qu’il me paraît presque impossible de faire ; vous savez que M. de Montmartel répond des fonds pour l’année prochaine. Le crédit est la base de tout, et ce crédit n’est qu’entre ses mains. Il fera sans doute des élèves qui auront son secret. La France a de grandes ressources, et elle en aura toujours, même malgré la perte de sa marine. Nous n’avions point de marine du temps de Henri IV, et cependant ce grand roi fut l’arbitre de l’Europe. On n’est occupé à Paris que de plaisirs et de murmures.

  1. Mignot de Montigny, père d’Etienne Mignot de Montigny, membre de l’Académie des sciences.
  2. Cette lettre de Frédéric manque.