Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4117

Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 381).

4117. — À M. LEKAIN.

Mon cher et grand acteur, quand vous pourrez venir introduire un peu de bon goût à Lyon et à Dijon, vous me ferez un extrême plaisir de ne pas oublier les Délices et le château de Tournay, où vous trouverez un théâtre grand comme la main, mais où l’on admirera vos talents tout aussi bien que sur un plus grand. Vous avez, dit-on, envie de jouer la Mort de César et celle de Socrate. Socrate ne passera point, et César, sans femmes, ne peut être joué que chez des jésuites. Cependant, si on le veut absolument, il faudra s’y prêter, à condition que l’auteur de Socrate le rende plus susceptible du théâtre de Paris.

Il vaudrait beaucoup mieux jouer Rome sauvée ; cela formerait un beau spectacle sur un théâtre purgé de petits-maîtres. Il arriverait peut-être à Rome sauvée la même chose qu’à Sémiramis : elle n’a réussi que quand la scène a été libre.

Je fais bien peu de cas de Médime ; le présent est médiocre, mais je fais un cas infini de vous.