Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3982

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 236).

3982. — À M. FABRY,
premier syndic, maire et subdélégué, à gex[1].
21 novembre, aux Délices.

Monsieur, autant que je suis sensible à vos attentions obligeantes, autant je suis éloigné de demander à monsieur l’intendant comme une grâce la permission de prêter aux communiers de Ferney l’argent nécessaire pour payer le prêtre qui les ruine[2]. Ces communiers, qui sont au nombre de cinq, m’avaient dit qu’ils avaient de monsieur l’intendant permission d’emprunter, et c’est sur cette assurance que je voulais bien leur prêter sans aucun intérêt. Mais il me paraît, monsieur, que monsieur l’intendant a pris un parti beaucoup plus sage, et plus utile pour la paroisse. Il a ordonné que la paroisse entière serait imposée au marc la livre de sa taille, pour payer le curé de Moëns. Il résulte de cet arrangement deux avantages : le premier, que les communes ne seront point obligées d’engager leurs pâturages ; le second, que toute la paroisse aura droit de commune, puisque, ayant également supporté l’impôt, elle aura également part au bénéfice.

Si pourtant, monsieur, d’autres considérations engageaient à ne continuer le droit de commune qu’aux quatre ou cinq personnes qui en sont en possession, alors il faudrait bien qu’elles empruntassent, et en ce cas je serais prêt à payer pour eux pour les tirer de la situation accablante où ils sont. Vous pourriez, monsieur, envoyer cette lettre à monsieur l’intendant, sur laquelle il donnerait ses ordres.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre, etc.

  1. Éditeurs, Bavoux et François.
  2. Ancian, curé de Moëns.