Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3930

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 177-178).

3930. — À M. VERNES.
23 septembre.

All that is, is right.

Voilà deux rois assassinés[1] en deux ans, la moitié de l’Allemagne dévastée, quatre cent mille hommes massacrés, etc., etc.

Quelques curieux disent que les révérends pères de la compagnie de Jésus-Christ ont empoisonné le roi d’Espagne, et prétendent en avoir des preuves ; ipsi viderint. Tout le monde crie dans les rues à Paris : Mangeons du jésuite, mangeons du jésuite[2] ! C’est dommage que ces paroles soient tirées d’un livre détestable qui semble supposer le péché originel et la chute de l’homme, que vous niez, vous autres damnés de sociniens, qui niez aussi la chute d’Adam, la divinité du Verbe, la procession du Saint-Esprit, et l’enfer.

Nous sommes un peu brouillés pour les odes : cependant ma rapsodie sera à vos ordres ; mais il faudra venir dîner quelque jour avec nous : car, tout soi-disant prêtre que vous êtes, et tout orthodoxe que je suis, je vous aime de tout mon cœur.

Gratias ago du journaliste anglais ; c’est un bon vivant.

  1. Louis XV, le 15 janvier 1757 ; Joseph Ier (roi de Portugal), le 3 septembre 1758. — Quant au roi d’Espagne, Ferdinand VI, il venait de mourir le 10 août 1759.
  2. Voyez le chap. xvi de Candide.