Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3780

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 37-38).

3780. — À M. BERTRAND.
À Tournay, par Genève, 16 février.

Mon cher ami, le voleur Grasset, imprimeur du libelle diffamatoire, et le prétendu bel esprit rédacteur de cet infâme ouvrage, trouvent dans Lausanne de la protection, et surtout auprès des examinateurs de l’Académie, dont un membre est associé avec Grasset. Ils remuent ciel et terre, et font servir, selon l’usage, le prétexte de la religion pour justifier leur brigandage. Je me flatte qu’ils ne trouveront pas la même faveur auprès des esprits désintéressés, nobles et éclairés, des seigneurs de Berne leurs maîtres. J’ai lu ce libelle, déjà proscrit à Genève et en France, et dont deux ballots ont été saisis. J’envoie un nouveau Mémoire aux seigneurs avoyers et aux seigneurs curateurs, et surtout à notre respectable M. de Freudenreich. L’Académie de Lausanne lui manque formellement de respect en protégeant un libelle contre moi, malgré la bonté qu’il a eue de me recommander à Lausanne, quand il est venu dans ce pays, au nom de l’État. Je vous prie de lire mon Mémoire, qui est entre les mains de M. Freudenreich, et de mettre dans cette affaire toute l’activité de votre zèle prudent et de votre amitié.

Si les jésuites ont comploté, comme on l’assure, l’assassinat du roi de Portugal, ils sont un peu plus coupables que vos gens de Lausanne. V.


Ô fortunatos nimium, sua cum bona norint,
Agricolas, etc.[1]

  1. Virgile, Géorgiques, II, v. 458.