Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3720

Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 551-552).


3720. — À M. LE MARQUIS DE VOYER[1].

Au château de Ferney, pays de Gex, route de Genève, 16 décembre.

Monsieur, daignez-vous vous souvenir encore d’un solitaire et d’un malade attaché à toute votre maison depuis qu’il respire, et à vous depuis que vous êtes né ? J’achève mes jours dans le pays de Gex. Il est vrai que j’ai une jolie maison de campagne dans le territoire helvétique de Genève ; mais j’ai des terres considérables à deux lieues de Gex, en France. Il n’y a point de haras dans le pays : ce pays est très-propre à fournir d’excellents chevaux. Je possède huit cavales fort belles. J’ai auprès de moi un de mes parents, nomme Daumart, mousquetaire du roi, qui me parait avoir beaucoup de talents pour les haras.

Je vous offre mes services, monsieur, et ceux de mon parent. On dit que vous voulez bien prêter des étalons du roi aux seigneurs des terres qui veulent s’en charger : c’est à vous à décider jusqu’où vos bontés pour moi peuvent s’étendre. Je vous serai très-obligé de me vouloir bien honorer d’une patente de votre capitaine et directeur des haras dans le pays de Gex. Si, au bout de quelque temps, vous êtes satisfait de mon administration, vous pourrez alors donner des appointements à mon parent Daumart. Voilà ma requête présentée ; j’attends vos ordres et vos bontés. J’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Intendant des écuries du roi. — Éditeurs, Bavoux et François.