Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3428

Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 277-278).

3428. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 5 octobre.

Voilà qui est plaisant, mon cher ange ! M. Darget m’envoie un manuscrit[1] que le roi de Prusse fit rédiger pour moi, il y a près de vingt ans, et dont j’ai déjà fait usage dans les dernières éditions de Charles XII. Je ne lui en suis pas moins obligé. Il me promet quelques autres anecdotes que je ne connais pas. C’est donc vous qui vous mettez à favoriser l’histoire, et qui faites des infidélités au tripot ? Je vous renouvelle la prière que je vous ai faite par ma précédente ; et cette prière est d’attendre. Laissons Iphigénie en Crimée[2] reparaître avec tous ses avantages ; ne nous présentons que dans les temps de disette ; ne nous prodiguons point, il faut qu’on nous désire un peu. Eh bien ! ce M. de Gotter est-il à Paris, comme on le dit ? Personne ne m’en parle, et je suis bien curieux. Je voudrais vous écrire quatre pages, et je finis parce que la poste part. Nous faisons ici des mariages ; nous rendons service, Mme Denis et moi, à notre petit pays roman, et nous allons jouer en trois actes la Femme qui a raison[3].

Mille tendres respects.

  1. Voyez la lettre 790 de Frédéric à Voltaire, du 13 novembre 1737 ; il y est question d’une histoire manuscrite du czar.
  2. Iphigénie en Tauride, dont la reprise eut lieu, à la Comédie française, dans la première quinzaine de décembre 1757.
  3. Comédie de Voltaire ; voyez tome IV, page 573.