Correspondance de Voltaire/1756/Lettre 3232
Correspondance de Voltaire/1756
3232. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
Aux Délices, 12 septembre.
J’écris quand je peux, mon cher monsieur ; je dérobe ce petit moment à mes alarmes et à mes souffrances pour vous remercier de votre souvenir. J’ai chez moi une nièce qui a été longtemps entre la vie et la mort[2]. Je ne suis guère mieux. Ainsi tenez-moi compte avec votre bonté ordinaire de mon triste laconisme. J’avais conseillé à M. de La Marche de venir voir Tronchin, quoique Tronchin ne me guérisse pas.
J’ai pour voisin le président de Brosses[3] ; c’est un homme qui paraît très-instruit. Mais je ne peux profiter d’un si bon voisinage. Je peux à peine vous mander que je vous suis tendrement attaché.
Le malade V.
- ↑ Éditeur, Th. Foisset.
- ↑ Mme de Fontaine.
- ↑ Ceci paraît marquer le commencement des rapports de Voltaire avec de Brosses. Ils sont plus caractérisés dans une lettre de ce dernier à M. de Ruffey, en date du 14 octobre 1756.« Je n’ai guère pu profiter, écrivait-il, de l’agréable voisinage de Voltaire, n’ayant passé qu’une soirée à mon aise avec lui, Tronchin, Jalabert et d’Alembert, l’encyclopédiste, qui s’y trouva. Nous nous ajournâmes à un grand dîner pour le sur-lendemain. Mais, l’une de ses nièces étant tombée malade à l’extrémité, la partie ne put avoir lieu. Elle a toujours été fort mal, de sorte que je n’ai vu l’oncle que deux autres fois depuis, et assez succinctement. »