Correspondance de Voltaire/1756/Lettre 3105

Correspondance de Voltaire/1756
Correspondance : année 1756GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 540).

3105. — À M. PICTET,
professeur en droit.
Monrion, 29 janvier.

En vous remerciant, mon cher professeur, très-tendrement de votre souvenir, et très-tristement des nouvelles publiques. Le diable est déchaîné sur terre et sur mer. Laissons-le faire, et vivons tranquilles au bord de notre lac. Vous me ferez grand plaisir de m’apprendre les nouvelles sottises de ce bas monde, et encore plus de me mander que vous et votre aimable famille vivez heureux et tranquilles.

Quand je suis à Nyon[1], je voudrais marier à Nyon certains grands yeux noirs, certaine belle âme[2] logée dans un corps droit comme un jonc. Quand je suis à Lausanne, je voudrais la marier à Lausanne ; et, lorsque je suis aux Délices, je lui souhaite un conjoint de Genève. Madame sa mère est bien regrettée ici. Nous n’avions qu’un chagrin : c’était de ne vous point avoir à Monrion.

Je pense que Mme Pictet a eu la bonté de parler de foin et d’avoine ; j’en suis honteux ; je la remercie. Colombier nous offre du foin ; je ne m’en soucie guère. Totus familiæ servus.

  1. Le château de Prangins est en avant de Nyon.
  2. Mlle Lolotte Pictet, à laquelle est adressé le billet no 3141