Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 3083

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 523).

3083. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Monrion, 17 décembre 1755.

Les cent mille hommes péris à Lisbonne sont déjà réduits à vingt-cinq mille. Ils le seront bientôt à dix ou douze. Il n’y a que les négociants qui connaissent leurs pertes au juste, parce qu’ils savent le compte de leurs effets, et les rois ne savent jamais le compte de leurs hommes. Je suis bien étonné de la perte de vingt millions vers Orange et Arles. Tout le pays ne vaut pas cela, mais on exagère toutes les pertes. Que dites-vous du départ du grand docteur Tronchin ? Il m’est venu voir, et ne m’a pas dit où il allait. Je crois l’avoir deviné. Je crois avoir deviné aussi qu’on se moque du révérend jésuite Saci ou Sassi, tout Polonais qu’il est. Messieurs de Cadix se moquent encore plus de moi.

  1. Revue suisse, 1855, page 403.