Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 3072

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 515-516).

3072. — À M. DUPONT,
avocat.
Aux Délices, 2 décembre.

Mon cher ami, on ne parle plus que de tremblements de terre ; on s’imagine à Genève que Lyon est englouti, parce que le courrier des lettres manqua hier. S’il n’y a point eu de tremblement à Strasbourg et à Colmar, je vous prie de me faire payer de Schœpflin. C’est un mauvais plaisant ; je vous jure que je n’ai pas entendu parler de lui : il est juste qu’il entende parler de vous, à moins qu’il n’ait payé à M. Turckeim de Strasbourg. Mais M. Turckeim ne m’a point écrit. Vraiment oui, Jeanne d’Arc est imprimée, elle est partout. La pauvre diablesse est horriblement défigurée. Les Anglais, les Chapelain[1], les libraires, et moi, nous avons bien maltraité Jeanne. On prend fort bien la chose à Paris et en Suisse, mais les faquins de libraires ont très-mal pris leur temps. Ce n’était pas le temps de rire, quand la moitié d’un royaume est engloutie sous la terre, et que chacun tremble dans son lit. Le Tout est bien et l’optimisme en ont dans l’aile. Je présente mes respects à M. et à Mme de klinglin.

Comment se porte Mme Dupont ? Ma nièce et moi nous sommes à vous. V.

  1. Caux de Cappeval, qui donna, en 1772, une traduction en vers latins de la Henriade, avait proposé par souscription, en 1757, une nouvelle édition de la Pucelle de Chapelain. Cette nouvelle édition, qui n’a point été faite, eut compris les vingt-quatre chants dont les douze derniers sont encore manuscrits. Les éditions de la Pucelle de Chapelain en quinze, dix-huit et vingt chants, sous les dates de 1755, 1756, 1757, 1762, dans le Catalogue La Vallière (2e partie), nos 15831-36, sont des éditions du poëme de Voltaire. Cette fausse indication a passé dans quelques ouvrages.