Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2928

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 387).

2928. — DE LOUIS-EUGÈNE.
prince de wurtemberg.
À Paris, ce 4 juin.

J’ai reçu les deux lettres[1], monsieur, que vous m’avez écrites : la première concernant notre calculateur, et la seconde dans laquelle vous me parlez de la Pucelle.

D’abord, je vous promets de ne me plus rapporter au calcul des autres, et de laisser pendus[2] ceux que leur mérite a élevés à ce sublime degré d’honneur ; secondement, je vous assure de ne me plus livrer aux apparences, et d’approfondir le caractère de ceux qui voudront bien s’attacher à moi.

Pour ce qui est de la Pucelle, je croirais vous manquer si j’acceptais vos offres, et j’ose vous engager ma parole d’honneur que je n’en ai pas le moindre lambeau. Soyez sûr que je vous l’aurais envoyée, et que je préfère infiniment votre tranquillité au plaisir que je pourrais goûter. J’en connais, à la vérité, quelques copies, mais elles, sont dans des mains qui ne me permettent pas de les soupçonner. Rassurez-vous, et soyez bien persuadé que je conserverai votre lettre pour l’opposer à tout ce qu’on pourrait faire de contraire à vos intentions.

Puissè-je trouver des occasions propres à vous témoigner la tendre amitié avec laquelle je suis, monsieur, etc.

Louis, duc de Wurtemberg.
  1. Ces lettres nous sont inconnues.
  2. Allusion à d’Han…, nommé à demi, plus haut, dans la lettre 2912.