Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2889

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 353-354).

2889. — À M. POLIER DE BOTTENS.
À Prangins, 28 février.

Je me félicite, monsieur, d’être enfin votre voisin, et je vous demande mille pardons, aussi bien qu’à M. de Brenles, de n’être pas venu chez vous deux vous remercier de m’avoir fait Lausannois ; mais j’étais si malade, j’avais si peu de temps, et j’étais si occupé des préparatifs de mon bonheur, que je n’ai pas eu un instant dont je pusse disposer. J’attends avec impatience le moment où je pourrai être votre diocésain ; si je ne peux vous entendre à l’église, je vous entendrai à table, Nous parlerons, à mon retour, de la proposition que vous avez eu la bonté de me faire sur Bottens. Oserais-je vous prier, monsieur, de m’honorer de vos bontés auprès de Mlle de Bressonaz, de lui présenter mes respects, et de lui dire combien je m’intéresse à tout ce qui la touche ? Je fis un effort, en partant, pour grimper au château de votre bailli ; de là il fallut aller à Prélaz, essayer de conclure un marché pour Mme de Bentinck. Elle est digne d’être votre diocésaine, et je vous réponds qu’elle vous donnera la préférence sur le célèbre Saurin[1], de la Haye.

Adieu, monsieur ; si je ne crois pas absolument en Calvin, je crois on vous, et je vous suis attaché pour toute ma vie.

C’est de tout mon cœur, V.

  1. Élie Saurin, mort en 1703, oncle de l’auteur de Spartacus.