Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2881

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 347).

2881. — À M. LE MARQUIS DE XIMENÈS.
À Prangins, le 13 février.

Nous aurons donc Amalazonte, monsieur ; nous l’attendons avec l’impatience de l’amitié qui nous attache à vous. L’âme de Royer ne sera pas placée dans l’autre monde à côté des Vinci et des Pergolèze. Celle de l’auteur du Triumvirat pourrait bien aller trouver Chapelain. Quels diables de vers ! que de dureté et de barbarismes ! Si on se torchait le derrière avec eux, on aurait des hémorroïdes, comme dit Rabelais[1]. Est-il possible qu’on soit tombé si vite du siècle de Louis XIV dans le siècle des Ostrogoths ? Me voilà en Suisse, et presque tout ce qu’on m’envoie de Paris me paraît fait dans les Treize-Cantons. Le malade et la garde-malade vous embrassent tendrement. Pardonnez à un moribond qui n’écrit guère de sa main.

  1. Pantagruel, livre IV, chap. xlii, 3o alinéa.