Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2844

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 315).

2844. — À M. LE PPRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
Au château de Prangins. 7 janvier 1755,
prés de Nyon, pays de Vaud.

Votre prose, monsieur, est aussi obligeante que vos vers sont agréables. On ne peut être plus sensible que nous le sommes, ma nièce et moi, à vos bontés. Vous avez été témoin, à Colmar et à Plombières, du cruel état de ma santé ; elle est devenue encore plus mauvaise. Tous les médecins de Lyon m’avaient conseillé les bains d’Aix en Savoie ; mais les médecins de Genève ont voulu absolument que j’attendisse une saison plus favorable. Je ne connais qu’une belle saison, monsieur : ce serait celle qui me rapprocherait de vous et de M. de La Marche. Je passerai cet hiver avec ma garde-malade dans un très-magnifique château vis-à-vis Ripaille[2] ; nous sommes bien loin de faire ripaille, et encore plus loin de la papauté qu’attrapa le duc ermite Amédée. Je suis condamné à la solitude et au régime par des maux intolérables qui m’empêchent de vous écrire de ma main. Conservez-moi votre amitié, et recevez les tendres sentiments de la reconnaissance et de l’attachement avec lesquels je serai toute ma vie, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. V.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Voyez la note 1 de la page suivante.