Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2562

Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 30-33).

2562. — RAPPORT DU BARON DE FREYTAG
au roi de prusse[1].

Allerdurchlauchtigster, grossmächtigster König,
Allergnädigster König und Herr,

Nachdeme der Hofrath Schmid nach Emden abgereiset, so hat Er mir einen hiesigen Rathshern Namens Rücker, welcher in Ansehung des reformirten Kirchenwesens sich ziemlich preussisch anstellet, auch derjenige gewesen, welcher mir dahier die Generalkollekte vor die verunglückten Breslauer ausgewirket, zum Beistand mit meiner Bewilligung, bis auf weitere Königliche allerhöchste Ordre, substituiret. Da aber unterdessen der von Voltaire gestern hier eingetroffen, so haben mich mit besagtem Senatore Rücker und mit dem hier auf Werbung liegenden Lieutenant von Brettwitz, Allemannischen Regiments, zu dem von Voltaire verfüget. Nach gemachten Politessen eröffnete Ihme Euer Königlichen Majestät allergnädigste Willensmeinung. Er wurde sehr bestürzt, thate die Augen zu, und lehnte sich hinten an den Stuhl. Ich hatte Ihme nur von denen Papieren gesprochen, und da er sich rekolligiret, so liesse Er seinen bei sich habenden ami Colini[2], den ich heissen einen Abtritt zu nehmen, in das Zimmer kommen, und eröffnete mir zwei Koffers, eine grosse Chatulle und zwei Portefeuilles. Er machte tausend contestationes von seiner fidélilé gegen Euer Königliche Majestät, wurde wieder ziemlich schwach. wie Er denn wie ein Skelett aussiehet. Bei dem ersten Koffer fande ich gleich beigehendes sub A also eingewickeltes und überschriebenes Packet, welches ich ohne es zu eröffnen dem Offizier zur Verwahrung einhändigte ; die übrige Visitation hat von 9 Uhr Morgens bis 5 Nachmittags gedauert, und habe weiter nichts als ein poëme welches er mir nicht gerne lassen wollte, und welches ich mit in das Paket gethan, gefunden. Hierauf liesse das Paket sub A von dem Senatore pitschiren, und ich druckte ebenfalls mein Signet drauf. Ich fragte Ihn auf seine Ehre, ob Er sonsten nichts hätte ; so kontessirte er heilig quod non. Nun kamen wir auf das Buch Œuvres de poésies, das, sagte Er, hätte Er in einem grossen Verschlag, Er wüsste nicht, ob er in Leipzig oder Hamburg wäre. Hierauf deklarirte Ihme, dass icb Ihn, ohne diesen Verschlag zu haben, von hier nicht weglassen könnte. Er thate hundert Vorschläge um Ibn fort zu lassen. Er müsste die Bäder braucben, sonst wäre der Tod vor Ihn gewiss. Da ich die Sache nicht gerne vor den Rath kommen lassen wollte, absonderlich weil Er sich noch wirklich, und auch bei mir, vor einen gentilhomne de chambre von Frankreich ausgiebt, bei welchen Umständen der Magistrat bei Arrestirungen viele Diffikultäten macht ; so bin endlich dabin mit Ihme konveniret, dass Er, bis zu Ankunft oben ermeldten Ballots von Hamburg oder Leipzig, an dem Hause wo er jetzo sich befindet, im Hausarrest verbleiben, und mir zu meiner Sicherbeit zwei Paketer von seinen Papieren, so wie sie auf dem Tisch lagen, verpitschirter einhändigen sollte, auch mir den sub A B angeschlossenen Revers ausstellte. Bei dem Hauswirth, welcher einen Bruder in Euer Königlichen. Majestät Diensten hat, und unter Rocbau als Lieutenant stebet, Namens Hoppe, habe solche Vorkehrungen getroffen. dass Er mit seinen Habschaften nicht wird wegkommen können ; und falls ich Ihme auch etliche Grenadiers zur Wache geben lassen wollte, so sind doch die hiesigen Militairanstalten so beschaffen, dass ich mehr auf dessen Parole, welche er mit einem Eid bekräftiget, als auf die Wache reflektire. Weil Er sich in der That schwach und elend befindet, so babe Ihm dem hiesigen ersten Stadtphysikus zur Pflege übergeben, Ihme auch offeriret mit Ihme in Gärten spaziren zu fahren ; auch sonsten meinen Keller und was in meinem Haus ist zu seinen Diensten dargeboten. Worauf ich ihn ziemlich tranquil und getröstet hinterlassen, nachdem er mir zuvor den Schlüssel und den Orden nebst dem Band überliefert.

Noch den nämlichen Abend um 7 Uhr schickte Er mir das Kammerherrndekret — sub C, — und diesen. Morgen noch ein Königliches Schreiben — sub D, — welches er unter dem Tisch gefunden zu haben vorgiebet. Ich kann nicht wissen, wie viel Koffres er noch habe, und da ich gar nicht weiss was ich suchen solle, ob es viel oder wenig, so wäre wohl am füglichsten, wenn ein Königlicher Sekretaire hierher käme, der eine genauere Untersuchung anstellen könnte ; zumalen da ich Euer Königlicben Majestät allerhöchste eigene Hand gar nicht kenne.

Zuletzt hat er an seinen Kommissionaire in meinem Beisein nach Leipzig geschrieben, dass Eingangs erwähnter Ballot an mich spediret werden sollte ; und bate mich, an Euer Königlichen Majestät Geheimden Kämmerier von Fredorsdorff zu schreiben, damit Er hier nicht länger aufgehalten würde ; Er wollte auch, dass ich dieses per Estaffett fortschicken möchte ; da nun aber bereits schon drei louis d’or an Unkosten drauf gegangen, so habe mich der ordinairen Post bedienet. In devotestem Respekt beharrt Euer Köiniglichen Majestät, etc.

Ich habe Ihme ein reçu wegen dessen mir behändigten zwei Paketer Skripturen ausgestellet, auch auf sein inständiges Anhalten ein Billet an ihn gefertiget, welches Er zur Konsolation an seine nièce schicken wollte, worinnen ich Ihme versprochen, dass Er nach Anlangung des Leipziger Ballots nicht länger aufgehalten werden sollte[3]

  1. Éditeur, Varnhagen von Ense.
  2. Freytag schreibt Coligni, « Freytag écrit Coligni ». (Note de l’éditeur.)
  3. Traduction : Trés-illustre, très-puissant roi, très-gracieux roi et seigneur, le conseiller Schmid, partant pour Emden, m’a proposé un membre du conseil de la ville nommé Rücker, qui se montre assez Prussien à l’égard des affaires de l’Église réformée, le même à qui l’on est redevable de la collecte générale pour les infortunés habitants de Breslau ; et il se l’est substitué près de moi, avec mon consentement, jusqu’à ordre royal ultérieur. Mais Voltaire étant arrive hier ici, je me suis présenté chez lui avec le sénateur Rücker et le lieutenant de Brettwitz, officier de recrutement. Après les politesses d’usage, je lui exposai les très-gracieuses intentions de Votre Majesté. Il fut consterné, ferma les yeux, et se renversa dans son fauteuil. Je ne lui avais encore parlé que des papiers. Après s’être recueilli un instant, il appela son ami Colini, que j’avais prié de se retirer, le fit venir dans sa chambre et m’ouvrit deux caisses, une grande valise, ainsi que deux portefeuilles. Il fit encore mille contestationes*. de sa fidélité à Votre Majesté, puis se trouva mal de nouveau, et le fait est qu’il a l’air d’un squelette. Dans la première caisse, je trouvai le paquet ci-joint, enveloppé sous la marque A, que je donnai en dépôt à l’officier sans l’ouvrir. Le reste de la visite a duré de neuf heures du matin à cinq heures de l’après-midi. Je n’ai trouvé qu’un poëme, dont il a eu beaucoup de peine à se séparer, et que j’ai placé dans le paquet A. J’ai fait sceller ce paquet par le sénateur, et j’y ai apposé aussi mon cachet. Je lui demandai sur l’honneur s’il n’avait pas autre chose : il affirma par serment quod non. Nous en vînmes alors au livre des Œuvres de poésies**.  ; il me dit que ce livre se trouvait dans une grande caisse de voyage, mais qu’il ignorait si cette caisse était à Leipsick ou à Hambourg. Là-dessus je lui déclarai que je ne pouvais le laisser partir de Francfort avant d’avoir examiné cette caisse. Aussitôt il me fit mille instances pour obtenir de continuer sa route : il avait besoin de prendre les bains, sans quoi sa mort était certaine. Voyant de graves inconvénients à ce que l’affaire fût portée devant le conseil de la ville, surtout parce qu’il se donne le titre de gentilhomme de la chambre à la cour de France, et que dans cette circonstance les magistrats feraient beaucoup de difficultés pour autoriser l’arrestation, j’ai fini par convenir avec lui qu’il resterait prisonnier sur parole dans la maison qu’il habite en ce moment jusqu’à l’arrivée du ballot de Leipsick ou de Hambourg, et qu’il me donnerait pour ma garantie deux paquets de ses papiers, tels qu’ils se trouvaient alors sur la table, enveloppés et scellés de sa main. Il me donna aussi une lettre reversale, ci-jointe sous la marque A B. Le maître de l’hôtel est un certain M. Hoppe, qui a un frère au service de Votre Majesté en qualité de lieutenant ; j’ai pris avec lui toutes les mesures nécessaires pour que le prisonnier ne puisse ni s’évader ni expédier ses bagages. L’idée m’était venue de le faire garder de près par quelques grenadiers ; mais le service militaire est organisé de telle sorte en cette ville que je compte plus sur la parole de Voltaire, confirmée par serment, que sur la surveillance des gardes. Comme il est réellement faible et dans un misérable état de santé, je lui ai donné le meilleur médecin de la ville ; j’ai mis aussi à sa disposition ma cave et ma maison tout entière. Là-dessus, je l’ai laissé passablement calme et consolé, après qu’il m’eut livré sa clef de chambellan avec la croix et le ruban de son ordre.

    Le soir du même jour, vers sept heures, il m’envoya le décret de sa nomination de chambellan (voir le paquet sous la lettre C), et ce matin une lettre de la main du roi (paquet D), qui était tombée, dit-il, sous la table pendant nos recherches. Je ne sais pas combien il attend encore de caisses, et comme j’ignore absolument si les papiers que je dois saisir sont nombreux ou non, le mieux serait d’envoyer ici un secrétaire du roi qui procéderait à une perquisition plus exacte, d’autant que je ne connais pas l’écriture de Votre Majesté.

    J’oubliais de dire qu’il a écrit en ma présence à son commissionnaire de Leipsick pour lui donner l’ordre d’expédier à mon adresse le ballot mentionné ci-dessus. Il m’a prié en même temps d’écrire au chambellan intime de Votre Majesté, M. de Fredersdorff, afin d’obtenir qu’on ne le retînt pas ici plus longtemps. Il voulait même que cette lettre fut envoyée par une estafette ; mais, comme les frais de la journée s’élèvent déjà à trois louis d’or, je me suis servi de la poste ordinaire.

    Je lui ai délivré un reçu des deux paquets d’écritures qu’il a déposés en mes

    mains ; je lui ai également, à son instante demande, remis un billet qu’il a l’intention d’envoyer à sa nièce pour la consoler, et dans lequel je lui ai promis qu’après l’arrivée du ballot de Leipsick il ne sera pas retenu plus longtemps.

    *. En latin.


    **. Dans le texte allemand : Œuvres de poésies.