Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2540

Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 11-12).

2540. — À M. GOTTSCHED[1],
à leipsick[2].
4 avril 1753.

Je renvoie, monsieur, le manuscrit que vous m’avez fait l’honneur de me confier. Je n’y ai corrigé que les fautes de langage[3]. J’ai aperçu à travers la traduction la plus sublime poésie et les sentiments les plus vertueux, comme on adorait autrefois des divinités dont les statues étaient couvertes d’un voile. Si vous connaissez le jeune auteur, je vous prie de l’assurer de ma parfaite estime. C’est un sentiment que je vous ai voué il y a longtemps, aussi bien qu’à votre illustre épouse. J’y joins aujourd’hui l’amitié et la reconnaissance que je dois à vos bontés prévenantes. Permettez-moi de finir ce billet comme les anciens, que vous imitez si bien. Scribe et vale. V.

  1. Christian Gottsched, né en 1700, près de Kœnigsberg en Prusse, mort en 1766, enseigna les belles-lettres avec un grand succès à l’Université de Leipsick depuis 1730, et peut être considéré comme l’un des principaux maîtres de la critique allemande au xviiie siècle. Il publia l’Éloquence académique à l’usage des écoles, Hanovre. 1728 ; un Essai d’art poétique pour les Allemands, Leipsick, 1730 ; une Histoire critique et littéraire de la langue allemande, 1732-1744 ; une Grammaire allemande, 1748 ; un Dictionnaire des arts libéraux, une tragédie de Caton ; deux recueils de poésies, 1736 et 1750, et plusieurs traductions.

    N. Kulmus, sa femme, avait aussi du goût pour la littérature, et traduisit plusieurs ouvrages anglais. (H. B.)

  2. Éditeur, H. Beaune. — « Cette lettre, dit-il, se trouve à la bibliothèque de l’Université de Leipsick. Elle nous a été obligeamment communiquée par M. Henri Wüttke, professeur à la Faculté des lettres de cette ville. »

    Beuchot a publié cette lettre (moins une ligne), sous le no 1972, avec cette adresse : « À un homme de lettres de Leipsick qui lui avait envoyé un Extrait traduit en français du psaume allemand dArminius. » Cet intitulé était emprunté à l’impression qui fut faite de cette lettre dans les Mélanges de littérature pour servir de supplément à la dernière édition des Œuvres de M. de Voltaire, 1768, in-8o et in-12, et dans le tome Ier de : Arminius ou la Germanie délivrée, poëme héroïque par le baron de Schonaich, traduit par M. E. (Eidous), 1769, deux parties in-12.

  3. Ligne omise dans les impressions antérieures.