Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2234

Correspondance de Voltaire/1751
Correspondance : année 1751, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 274).

2234. — DE MADAME DENIS
à m. berryer, lieutenant général de police.
Ce 20 mai 1751.

Permettez-moi, monsieur, de vous rendre compte de la réussite de l’affaire dans laquelle vous m’avez obligée si efficacement. Quand Longchamp a vu que mon portier et mes autres domestiques étaient prêts à faire leur déposition chez un commissaire, et que M. le maréchal de Richelieu s’était chargé de faire faire celle de l’homme qui avait copié chez moi pendant mon absence, que vous daigniez faire usage de ces dépositions, la peur a pris si vivement à ce Longchamp et à la femme qui était sa complice qu’il m’est venu trouver, m’a tout avoué, et m’a tout rendu. Il avait exactement tous les papiers de mon oncle, c’est-à-dire son Histoire universelle, celle du Siècle de Louis XIV, les Campagnes de Louis XV, et cette Pucelle, qui sans vos bontés serait devenue la fiancée du roi de Garbe. J’espère que cette petite leçon rendra à l’avenir M. de Voltaire moins confiant. Nous sommes tous deux pénétrés des soins que vous avez bien voulu prendre ; je voudrais vous convaincre de ma reconnaissance, et des sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre trés-humble et très-obéissante servante.


Mignot Denis.