Correspondance de Voltaire/1750/Lettre 2144

Correspondance de Voltaire/1750
Correspondance : année 1750, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 195).

2144. — À M. DARGET.

Amice, credo hanc epistolam, quamvis grandem et verbosam, mittendam esse philosopho sine cura. Novum erit calcar ejus animo studii et consilii avido. Perspiciet quam difficile sit scribere, quanta cum sedulitate oporteat incudi opus suum sæpius reddere, et præsertim quantum gloriæ suæ, dicam etiam nostræ, intersit, ut qui maximus est in cæteris, maximus semper sit in hac ardua scribendi arte. Scribe illi ; meam epistolam confidenter mitte. Loquere de me, et, a me amatus, me redama[1].

  1. Traduction : Ami, je crois que cette lettre, quoique longue et verbeuse, doit être envoyée au philosophe sans souci. Ce sera un nouvel aiguillon pour son esprit avide d’étude et de conseil. Il comprendra combien il est difficile d’écrire, avec quel soin il faut remettre son ouvrage sur l’enclume, et surtout combien il importe à sa gloire, je dirai même à la nôtre, que celui qui est grand dans les autres choses soit grand aussi dans le difficile art d’écrire. Écrivez-lui ; envoyez-lui ma lettre confidentiellement. Parlez-lui de moi, et, aimé de moi, aimez-moi en retour.