Correspondance de Voltaire/1750/Lettre 2065

Correspondance de Voltaire/1750
Correspondance : année 1750, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 107).
2065. — À M. DESTOUCHES[1].
À Paris.

Auteur solide, ingénieux,
Qui du théâtre êtes le maître,
Vous qui fîtes le Glorieux[2],
Il ne tiendra qu’à vous de l’être ;
Je le serai, j’en suis tenté,
Si mardi ma table s’honore
D’un convive si souhaité ;
Mais je sentirai plus encore
De plaisir que de vanité.

Venez donc, mon illustre ami, mardi à trois heures ; vous trouverez quelques académiciens, nos confrères ; mais vous n’en trouverez point qui soit plus votre partisan et votre ami que moi. Mme Denis dispute avec moi, je l’avoue, à qui vous estime davantage ; venez juger cette querelle. Savez-vous bien que vous devriez apporter votre pièce nouvelle[3] ? Vous nous donneriez les prémices des plaisirs que le public attend. L’abbé du Resnel ne va point aux spectacles, et il est très-bon juge ; ma nièce mérite cette faveur par le goût extrême qu’elle a pour tout ce qui vient de vous ; et moi, qui vous ai sacrifié Oreste de si bon cœur ; moi qui, depuis si longtemps, suis votre enthousiaste déclaré, ne mérité-je rien ? À mardi, à trois heures, mon cher Térence.

  1. Cette lettre, classée dans Beuchot au mois de janvier, ne peut être que postérieure au 7 février, date de la suspension d’Oreste.
  2. Voyez tome XXXIII, page 260.
  3. La Force du naturel, qui fut jouée le 11 février 1750.