Correspondance de Voltaire/1749/Lettre 1956

Correspondance de Voltaire/1749
Correspondance : année 1749GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 576-577).

1956. ‑ DE STANISLAS,
roi de pologne, duc de lorraine et de bar,
À MADAME DU CHATELET, ET À VOLTAIRE.

À MADAME LA MARQUISE DU CHATELET.
Le 17 février.

Je vous rends mille grâces, ma chère marquise, du compte que vous me rendez de ce que vous faites. J’envie le bonheur de tous les lieux où vous vous trouvez. J’espère avoir le plaisir de vous rejoindre immédiatement après Pâques ; madame l’infante m’en donnera le temps. Jusqu’à ce moment le carême me deviendra bien mortifiant. J’ai réfléchi sur ce que M. d’Argenson[1] vous a dit. Si vous ne faites rien avant mon arrivée, je crois que la gloire me reviendra, quand j’y serai, d’effectuer ce qu’on vous a promis. Du moins j’y emploierai tous mes soins, et tout l’empressement que vous me connaissez pour tout ce qui vous intéresse. Soyez-en, je vous en conjure, persuadée, car, en vérité, je suis de tout mon cœur votre très-affectionné,

Stanislas, roi.

À M. DE VOLTAIRE.

P. S. Je n’ai pas le temps, mon cher Voltaire, de vous écrire aujourd’hui. Je me réduis à cette apostille pour vous dire que je viens d’exécuter ce que vous avez demandé au Philosophe[2] par sa bonne amie, et de vous embrasser cordialement.


À MADAME DU CHATELET.

Oserais-je vous prier de pouvoir me servir de vous pour témoigner à M. de Richelieu combien j’ai pris part à son expédition de Gènes et à son avancement[3] ? Cela me vaudra plus dans son amitié que tous les compliments que je lui aurais pu faire à cette occasion.

  1. Le comte d’Argenson, ministre de la guerre. Mme du Châtelet, quelques semaines auparavant, lui avait écrit afin d’obtenir, en Lorraine, une lieutenance du roi pour son fils, alors à Gènes.
  2. Stanislas lui-même, auteur du Philosophe chrétien.
  3. Richelieu avait été créé maréchal de France le 11 octobre 1748.