Correspondance de Voltaire/1748/Lettre 1906

Correspondance de Voltaire/1748
Correspondance : année 1748GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 525).

1906. — DU LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[1].

J’ai été instruit, monsieur, de la grande foule qu’il y a eu sur le théâtre jeudi, et qui a pu gêner la représentation. Mais quel remède apporter au moment même ? Lorsque les spectateurs sont entrés et placés, peut-on les faire sortir ; et par qui commencer ? L’abus provient du trop grand nombre de billets que les comédiens distribuent. D’ailleurs, les billets de théâtre n’étant pas différents des places principales, tout le monde préfère le théâtre et veut y être, parce qu’on se communique plus facilement que dans les loges. Je viens de charger l’exempt de parler, de ma part, aux comédiens, et de se concerter avec eux pour prendre, de très-bonne heure, de justes précautions pour ne point laisser entrer plus de monde qu’il ne faut au théâtre. Quant à l’endroit de votre pièce où le censeur a retranché quelques vers, je parlerai aux comédiens, pour tâcher d’arranger les choses à votre satisfaction. Au surplus, elle doit être remplie par le succès qu’elle a eue. Recevez-en mon compliment, que je vous fais de tout cœur. Il y a longtemps que vous êtes accoutumé aux applaudissements, et je me suis toujours fait un plaisir de les prévenir dans le public.

  1. Éditeur, Léouzon Leduc.