Correspondance de Voltaire/1748/Lettre 1896

Correspondance de Voltaire/1748
Correspondance : année 1748GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 518-519).
1896 — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Le 27 juin.

Je pars demain ; je me rapproche d’environ soixante lieues de mon cher et respectable ami. M. l’abbé de Chauvelin peut vous dire des nouvelles d’une répétition de Sémirarnis, les rôles à la main. Tout ce que je désire, c’est que la première représentation aille aussi bien. Ils ne répétèrent pas Mérope avec tant de chaleur. Ils m’ont fait pleurer ; ils m’ont fait frissonner. Sarrasin a joué mieux que Baron ; Mlle Dumesnil s’est surpassée, etc. Si La Noue n’est pas froid, la pièce sera bien chaude. Elle demande un très-grand appareil. J’ai écrit à M. le duc de Fleury[1], à Mme de Pompadour. Il nous faut les secours du roi ; mais, mon ange, il nous faut le vôtre. Écrivez bien fortement à M. le duc d’Aumont ; mais surtout revenez au plus vite protéger votre ouvrage, et recevoir la fête que je vous donne. Les acteurs seront prêts avant quinze jours. Encore une fois, s’ils jouent comme ils ont répété, M. Romancan leur fera de bonnes recettes. J’ignore encore si je pourrai voir les premières représentations[2], mais vous les verrez. C’est pour vous qu’on joue Semiramis. Portez-vous donc bien, tous mes anges ; revenez gros et gras à Paris, et faites réussir votre fête.

Vraiment j’ai bien suivi votre conseil pour cette infâme édition[3]. Les magistrats s’en mêlent, et moi, je ne songe qu’à vous plaire. Adieu, madame ; adieu, messieurs ; tachez de me prendre en repassant. Mille tendres respects.

  1. L’un des quatre premiers gentilshommes de la chambre, avec le duc d’Aumont.
  2. Voltaire y assista. Voyez l’art. XVIII des Mémoires de Longchamp.
  3. Celle dont Voltaire parle dans la lettre 1889.