Correspondance de Voltaire/1746/Lettre 1825

Correspondance de Voltaire/1746
Correspondance : année 1746GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 448-449).
1825. — AU CARDINAL QUERINI.
1 giugno.

Eminenza, sono strinto ora, con un forte e dolce nodo, a l’Eminenza Vostra. Mentre che ella è aggregata all’Accademia della Crusca, ricevo il medesimo onore ed il discepolo viene introdotto sotto il patrocinio del maestro. L’Accademia ha voluto, in una volta, acquistare un compagno paesano, ed un servidore forestiero.

Il signore principe di Craon mi ha fatto l’onore d’informarmi della singolare bontà dell’Accademia verso di me, e ne ho risentito tanto più di giubilo, e di riconoscenza, quanto più questa pregiatissima grazia m’intitola ai vostri nuovi favori.

Spero che Vostra Eminenza avrà ricevuto le mie lettere del passato mese, colla lettera di ringraziamento al suo degno nipote che misi nel di lei piego.

Se ben mi rammento, presi l’ardire, nella mia ultima scritta[1], di richiederla d’un favore. La pregai, come la prego ancora umilmente, e colle più vive premure, di degnarsi darmi alcuni rischiarimenti sopra la difficoltà mossa tra noi intorno ai nostri commedianti, che rappresentano, in presenza del re e di tutta la corte, tragédie e commedie scritte con la più severa decenza, adornate di tutti i principii della vera virtù, e soda morale. Non pare nè giusto nè convenevole che quelli che vengono pagati dal re per rappresentare tali onorevoli componimenti, restino indegnamente confusi con quelli antichi istrioni barbari, che andavano sfacciatamente trattenendo la più infima plebe colle più vili brutture. Eglino meritavano la scomunica della Chiesa, e la severa correzione dei magistrati ; ma, essendo i tempi ed i costumi felicemente cambiati, sembra oggi convenevole ai più savii personnaggi che si faccia la giusta distinzione tra quelli che meritano il nome d’infami, e questi che sono degni d’essere assunti nel numero de’ più degni cittadini. Supplico Vostra Eminenza di degnarsi dirmi come s’usi con loro in Roma, e qual sia il di lei parere sopra tal caso. Aggiungerô questo nuovo favore a tanti che si è compiacciuta di compartirmi[2].

  1. Cette lettre a été perdue, ou bien Voltaire crut avoir adressé à Querini, relativement aux comédiens, les questions dont il s’agit dans le deuxième alinéa de celle du 6 avril précédent, à Cerati.
  2. Traduction : Me voici attaché à cette heure à Votre Éminence par un fort et doux nœud. Pendant qu’elle est reçue à l’Académie della Crusca, je reçois le même honneur, et le disciple s’introduit sous le patronage du maitre ; l’Académie acquiert en même temps un compatriote et un serviteur étranger. M. le prince de Craon m’a fait l’honneur de m’informer de la singulière bonté de l’Académie envers moi, et j’en ai ressenti d’autant plus de joie et de reconnaissance que cette grâce très-estimée me donne de nouveaux titres à vos faveurs. J’espère que Votre Éminence aura reçu mes lettres du mois passé, avec celle de remerciements à son digne neveu, que j’ai envoyée sous le même pli. Si je me souviens bien, j’ai pris la hardiesse dans une dernière missive de lui réclamer un service. Je la priai et je la prie encore très-humblement, et avec les plus vives instances, de me donner quelques éclaircissements sur la difficulté soulevée entre nous relativement à nos comédiens qui représentent, en présence du roi et de toute la cour, des tragédies et des comédies écrites avec la plus sévère décence et ornées des maximes de la véritable vertu et de la solide morale. Il ne parait ni juste ni convenable que les artistes qui sont payés par le roi pour jouer des compositions si honorables demeurent indignement confondus avec ces anciens histrions barbares qui amusaient grossièrement la populace avec les plus viles bêtises. Ceux-ci méritaient l’excommunication de l’Église et le châtiment sévère des magistrats. Mais, les temps et les mœurs étant heureusement changés, il semble aujourd’hui équitable aux plus habiles personnages que la distinction soit faite entre ceux qui méritaient le nom d’infâmes et ceux qui sont dignes d’être inscrits au nombre des meilleurs citoyens. Je supplie Votre Éminence de daigner me dire comment on en use à Rome à leur égard, et quel est son avis sur ce point. J’ajouterai cette nouvelle faveur à tant d’autres qu’il lui a plu de m’accorder.