Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1743

Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 377-378).

1743. — À M. DE CIDEVILLE.
À Champs, ce 25 juin.

Mon charmant ami, celui des Muses, celui de la vertu, vous que je ne vois pas assez et avec qui je voudrais toujours vivre, vous me donnez là un laurier dont je fais beaucoup plus de cas que de tout ce que Maupertuis va chercher à Berlin, et de tout ce qu’on cherche à Versailles. Le roi saura qu’il y a dans son royaume des âmes assez belles pour joindre hardiment son nom à celui d’un ami ; il saura que mon cher Cideville atteste à la postérité que les bontés dont Sa Majesté m’honore ne sont pas un reproche à sa gloire.

J’envoie à M. le duc de Richelieu ce beau monument que vous érigez au roi, à la nation, et à l’amitié. C’est un bel exemple que vous donnez à la littérature. Mme du Châtelet, qui vous est tendrement obligée, donnera son exemplaire à Mme la duchesse de La Vallière[1], et il restera dans la bibliothèque de Champs. Nous en prendrons d’autres lundi, à Paris, où nous comptons arriver sur les trois heures. C’est là que j’embrasserai celui qui m’immortalise. V.

  1. Anne-Julie de Crussol d’Uzès, mariée, en 1732, à L. César Le Blanc de La Baume, duc de La Vallière. (Cl.)