Correspondance de Voltaire/1744/Lettre 1647

Correspondance de Voltaire/1744
Correspondance : année 1744GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 289-290).

1647. — À LA PRINCESSE ULRIQUE DE PRUSSE[1].
À Cirey en Champagne, ce 1er mai 1744.

Le prélat de Lubeck sur le trône élevé
Vivra donc comme j’ai rêvé.
Ah ! que lui servirait la grandeur souveraine ?
Quel triste et froid bonheur s’il n’était votre époux ?
Il faut, quand on est roi, vous obtenir pour reine,
Et quand on est sujet, il faut l’être de vous.

Il fera sans doute moins froid, madame, à Stockholm, quand vous y régnerez, et alors je viendrai faire ma cour à Votre Majesté. Je ne plains dans cet événement que la reine Christine, qui va être éclipsée. Vous ferez en Suède ce que le roi votre frère fait à Berlin : vous ferez naître les beaux-arts. Que ne suis-je assez heureux pour me trouver dans la foule de ceux qui verront votre couronnement ! Je fais de loin des vœux ; mais je suis, de loin comme de près, avec le plus profond respect et l’attachement le plus inviolable, de Votre Altesse royale, madame, le très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.

  1. Éditeur, V. Advielle.