Correspondance de Voltaire/1742/Lettre 1491

Correspondance de Voltaire/1742
Correspondance : année 1742GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 115-116).

1491. À M. DE CHAMPFLOUR, FILS.
À Cirey en Champagne, ce 3 février.

Je suis bien sensible à votre souvenir, mon cher monsieur, et je le suis encore davantage au bonheur dont vous jouissez, et à la satisfaction que vous mettez dans le cœur du meilleur des pères. Je ne suis point étonné de vos succès dans l’étude du droit. Votre esprit est fait pour se plier et pour réussir à tout. Mais il y a bien du mérite à revenir si aisément de l’état militaire à celui de la robe.

Ce dernier procure une vie plus douce et plus heureuse. Eh ! qu’avons-nous à faire dans ce monde qu’à nous rendre heureux, nous et les nôtres ? Je ne viendrai m’établir à Paris qu’environ dans deux années. Si vous y faites alors quelque voyage, ou si vous me jugez capable de vous servir en ce pays-là, vous pourrez disposer de moi. Votre reconnaissance, monsieur, pour de petits services que tout autre que moi vous eût rendus à ma place, me fait sentir combien il serait doux de vous en rendre qui me coûtassent plus de soins. Comptez, monsieur, que vous aurez toujours en moi un ami qui s’intéressera tendrement au bonheur de votre vie. C’est dans ces sentiments que je suis de tout mon cœur, etc.

Voltaires.