Correspondance de Voltaire/1742/Lettre 1489

Correspondance de Voltaire/1742
Correspondance : année 1742GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 114-115).

1489. — À M. DE LA NOUE,
directeur des spectacles, à lille.
Le 28 janvier[1].

Mon cher Mahomet, mon cher Thraséas, etc., j’ai envoyé votre lettre à celui[2] qui serait heureux s’il se bornait aux plaisirs que des hommes tels que vous peuvent lui donner. S’il vous connaissait, je sais bien ce qu’il ferait, ou du moins ce qu’il devrait faire. Je ne doute pas que vous n’obteniez les choses très-justes que vous demandez mais, en même temps, je crois que vous devez entièrement vous conformer à ce que M. Algarotti vous a mandé, et ne faire aucuns préparatifs à compter du jour de la réception de sa lettre. Vous m’avez donné une grande envie de revenir à Lille. Je ne vous ai ni assez vu ni assez entendu. J’aime en vous l’auteur, l’acteur, et, surtout, l’homme de bonne compagnie. Comptez que vous avez fait en moi une conquête pour la vie. Ne me retrouverai-je jamais entre le cher Cideville et vous ?

Ô noctes cœnæque Deum ! · · · · · · · · · · · · · · ·

(Hor., lib. II, sat. vi, v. 63.)

Je vous aimerais bien mieux là qu’à Berlin. Adieu, mon ami.

  1. Le mot Bruxelles se lit dans Mon Séjour auprès de Voltaire, par Colini ; 1807, in-8o, page 360, où cette lettre a été imprimée, je crois, pour la première fois. M. Clogenson pense que ce mot n’était pas sur l’original de cette lettre, que Voltaire dut écrire à Cirey, immédiatement après son retour de Grai. Il ne rentra pas à Bruxelles avant la fin d’août 1742. Dans ce même volume de Mon Séjour, page 337, on avait daté de 1754 la lettre 1332, qui est de 1740.
  2. Le roi de Prusse, qui, en 1740, avait chargés Voltaire d’engager La Noue à venir à Berlin en qualité de directeur du théatre.