Correspondance de Voltaire/1741/Lettre 1479

Correspondance de Voltaire/1741
Correspondance : année 1741GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 105).

1479. — À LA REINE DE PRUSSE[1].
Paris.

Madame, Son Altesse royale madame la margrave de Baireuth m’ayant fait l’honneur de m’avertir que Votre Majesté souhaitait de voir cette tragédie de Mahomet, dont le roi a une copie, je n’ai songé, depuis ce moment, qu’à la corriger, pour la rendre moins indigne des attentions de Votre Majesté ; et, après l’avoir retravaillée avec tous les soins dont je suis capable, je l’ai adressée à M. de Raesfeld, envoyé de votre cour à la Haye, afin qu’elle parvînt à Votre Majesté avec sûreté et promptitude.

Je cherche moins peut-être à obéir à une reine qu’à mériter, si je puis, le suffrage d’un excellent juge. Il n’est pas étonnant qu’on n’ait pas d’autre envie que celle de plaire à Votre Majesté, dès qu’on a eu le bonheur de l’approcher. Mon zèle pour elle sera aussi durable que mes regrets. Berlin est le séjour de la politesse et des arts, comme la Silésie est celui de la gloire. Puisse Votre Majesté faire longtemps l’ornement de l’Allemagne, et puisse le roi, qui en fait le destin, jouir, auprès de vous, de tout le bonheur qu’il mérite

Je suis avec un très-profond respect, etc.

Voltaire.

  1. Les expressions dont Voltaire se sert à la fin de cette lettre me font croire qu’elle a été adressée à Élisabeth-Christine de Brunswick-Wolfenbuttel, femme de Frédéric, mariée en 1733, morte en 1797, et non à Sophie-Dorothée de Hanovre, sa mère. (B.)