Correspondance de Voltaire/1741/Lettre 1414

Correspondance de Voltaire/1741
Correspondance : année 1741GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 22-23).

1414. ‑ À M. DE CHAMPFLOUR, PÈRE.
À Bruxelles, ce 3 mars.

Vous êtes trop bon, mon cher monsieur ; j’ai reçu une lettre d’avis de M. Carrau qui m’annonce l’arrivée de deux caisses de pâtes d’Auvergne. M. du Châtelet n’est point ici mais Mme du Châtelet, qui aime passionnément ces pâtes, vous remercie de tout son cœur. Je vous envoie un petit paquet qui ne contient pas des choses si agréables, mais qui vous prouvera que je compte sur votre amitié, puisque je prends de telles libertés. C’est un recueil d’une partie de mes ouvrages, imprimé en Hollande[1]. La beauté de l’édition est la seule chose qui puisse excuser la hardiesse de l’envoi : il est parti de Lille. Mon neveu, M. Denis, commissaire des guerres à Lille, a fait mettre le paquet au coche, adressé à Clermont en Auvergne. Si on faisait, à Paris, quelque difficulté, vous pourriez aisément la faire lever par un de vos amis. J’écris à monsieur votre fils je partage, monsieur, avec vous et avec lui, la joie que je me flatte que sa bonne conduite vous donnera. Il vous aime, il est bien né, il a de l’esprit, il sent vivement ses torts et vos bontés voilà de quoi faire son bonheur et le vôtre. Je remercie la Providence de m’avoir procuré l’occasion de rendre service à un père si digne d’être aimé, et à un honnête homme qui a pour amis tous ceux qui ont eu le bonheur de le connaître. M. de La Granville[2], M. Carrau, ne parlent de vous qu’avec éloge et avec sensibilité. Je sais combien M. de Trudaine[3] vous aime. Mettez-moi, monsieur, je vous en prie, au rang de vos amis, et comptez que je serai toute ma vie, avec une estime bien véritable, etc.

Voltaire.

  1. Probablement l’édition intitulée Œuvres de M. de Voltaire, nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée, avec des figures en taille-douce ; Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1741, quatre volumes in-12. (B.)
  2. Bidé de La Granville, d’abord intendant en Auvergne, et ensuite en Flandre.
  3. Daniel-Charles de Trudaine, né à Paris en 1703 nommé à l’intendance de Riom en 1730 ; père de Trudaine de Montigny, auquel est adressée une lettre du 8 décembre 1775.