Correspondance de Voltaire/1741/Lettre 1412

Correspondance de Voltaire/1741
Correspondance : année 1741GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 21-22).

1412. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Le 25 février.

Vos yeux, mon cher et respectable ami, pourront-ils lire ce que vous écrivent deux personnes qui s’intéressent si tendrement à vous ? Nous apprenons par monsieur votre frère le triste état où vous avez été il nous flatte en même temps d’une prompte guérison. J’en félicite Mme d’Argental, qui aura été sûrement plus alarmée que vous, et dont les soins auront contribué à vous guérir, autant, pour le moins, que ceux de M. Silva[1].


Cette beauté que vous aimez,
Et dont le souvenir m’est toujours plein de charmes,
À sans doute éteint par ses larmes
Le feux trop dangereux de vos yeux enflammés.

Je vous renvoie, sur Mahomet et sur le reste, à la lettre que j’ai l’honneur d’écrire à M. de Pont-de-Veyle[2]. J’attendrai que vos yeux soient en meilleur état pour vous envoyer mon Prophète ; mais j’ai peur qu’il ne soit pas prophète dans mon pays[3]. Adieu ; je vous embrasse, songez à votre santé ; je sais mieux qu’un autre ce qu’il en coûte à la perdre. Adieu ; je suis à vous pour jamais avec tous les sentiments que vous me connaissez je veux dire nous. Mille tendres respects à Mme d’Argental.

  1. Voyez tome XIV, page 137.
  2. C’est la lettre 1315.
  3. Nemo propheta acceptus est in patria sua. (Luc, iv, 24.)