Correspondance de Voltaire/1741/Lettre 1408

Correspondance de Voltaire/1741
Correspondance : année 1741GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 18-19).

1408. — À M. THIERIOT.
Bruxelles, 16 février.

Vous me ferez un plaisir extrême de me mander des nouvelles de votre pension. Comptez que personne ne s’y intéresse davantage. Je ne me vante point d’être le premier qui en ait parlé au roi, mais je dois être jaloux que vous sachiez que j’ai rempli le devoir de l’amitié. Ceux qui vous ont dit que le roi avait réglé deux mille francs vous ont dit une chose très-différente de ce que j’entendis de sa bouche à Remusberg, dans la petite chambre de M. de Keyserlingk. C’est tout ce que je peux vous assurer. Je ne sais si on lui en a reparlé depuis. J’ai reçu trois lettres de Sa Majesté depuis son départ pour la Silésie, dans lesquelles elle ne me fait point l’honneur de me parler de cet arrangement mais, je vous l’ai dit, et je vous le redis encore, je suis à vos ordres quand vous jugerez que je dois écrire.

Je vous remercie infiniment de l’avis que vous m’avez donné de l’édition qu’on projette[1]. Je sais qu’elle est très-avancée ; c’est un petit malheur qu’il faut supporter. Les libraires sont d’étranges gens d’imprimer les auteurs sans les consulter.

Mandez-moi comment je pourrais vous faire tenir mes Œuvres d’Amsterdam, corrigées à la mains[2], sans passer par l’enfer de la chambre syndicale.

Je vous suis obligé de cette ancienne Épître au prince royal[3], que vous m’avez renvoyée. Je n’en avais pas de copie. Je ne sais comment elle a transpiré en dernier lieu. C’est la faute de mon cher Keyserlingk, qui en fait trop peu de cas.

Il est très-faux que je l’aie jamais envoyée à ***. Il est vrai que je m’adressai, je crois, à lui une fois pour faire passer une lettre au prince royal mais c’eût été le comble du ridicule de lui envoyer une copie de cette pièce. Je ne crois pas qu’il soit assez effronté pour le dire.

Adieu ; je suis à vous pour jamais.

  1. Probablement l’édition de 1742, cinq volumes petit in-12, de laquelle Beuchot parle dans une note de la lettre 1513.
  2. Voyez la note 3, tome XIV, page xiv ; et, tome XXXV, une note sur la lettre 1273.
  3. Voyez, tome X, l’épitre qui commence par ce vers :
    Prince, il est peu de rois que les Muses instruisent.