Correspondance de Voltaire/1740/Lettre 1221

Correspondance de Voltaire/1740
Correspondance : année 1740GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 355-356).

1221. — À M. PITOT DE LAUNAI[1].
2 janvier 1740.

Mon cher philosophe, je vous remercie tendrement de votre souvenir et de la fidélité avec laquelle vous avez soutenu la bonne cause, dans l’affaire de Prault. Il y a longtemps que je connais, que je défie, et que je méprise les calomniateurs. Les esprits malins et légers, qui commencent par oser condamner un homme dont ils n’imiteraient pas les procédés, n’ont garde de s’informer de quelle manière j’en ai usé[2]. Ils le pourraient savoir de Prault lui-même ; mais il est plus aisé de débiter un mensonge au coin du feu que d’aller chez les parties intéressées s’informer de la vérité. Il y a peu d’âmes comme la vôtre qui aiment à rendre justice. Les vérités morales vous sont aussi chères que les vérités géométriques. Je vous prie de voir M. Arouet[3], et de demander l’état où il est. Dites-lui que j’y suis aussi sensible que je dois l’être, et que je prendrais la poste pour le venir voir si je croyais lui faire plaisir. Je vous demande en grâce de m’écrire des nouvelles de la disposition de son corps et de son âme. Adieu ; mille amitiés à Mme Pitot sans cérémonie.

  1. C’est le membre de l’Académie des sciences à qui est adressée la lettre 747.
  2. Voyez, plus bas, les lettres 1223 et 1225.
  3. Armand Arouet, frère aîné de Voltaire, succéda, dans la cour des comptes, à son père, en 1721, et mourut en 1745.