Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1078

Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 182-183).

1078. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 21 (février 1739).

Mon cher ami, c’est pour vous dire que j’ai reçu aujourd’hui une lettre très-polie de M. Hérault, et très-encourageante. Elle ferait entreprendre vingt procès. Cependant je me tiens encore sur la réserve. Une lettre de son juge est une grande tentation à laquelle il faut de la force pour résister.

M. de Maurepas m’écrit, M. d’Argenson m’écrit ; tout le monde me dit : « Agissez. » Mais malgré tant de raisons d’agir, malgré l’assurance où je suis que le Préservatif ne peut m’être imputé, je persiste encore à faire présenter requête, signée de procureur, par MM. de Castera, Andry, Procope, Mouhy, etc. Deux noms suffiraient : je me charge du reste. L’audience de monsieur le chancelier devient inutile, mais la requête de mes parents devient nécessaire. Vous verrez par la lettre de M. Hérault, qui est entre les mains de Mme de Champbonin, qu’on ne peut ni ne doit agir par lettres de cachet, voie toujours infiniment odieuse, et que moi-même je déteste. Représentez, je vous prie, très-fortement à M. d’Argental que toutes les preuves étant contre Desfontaines et rien contre moi, c’est me manquer à moi-même que de ne pas agir vigoureusement. Tenez, je vous supplie, les preuves contre Chaubert prêtes.

Je n’ai que le temps de vous embrasser.

  1. Édition Courtat.