Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1048

Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 146-147).

1048. — À M. THIERIOT[1].
29 janvier.

Enfin Mme de Champbonin est partie pour Paris ; elle vous rendra compte de toutes les inquiétudes que votre long silence et votre conduite avaient causées à Cirey ; mais tout est oublié si vous savez aimer.

Voici un paquet pour l’abbé d’Olivet, et donnez cela vite. Je ne sais abandonner ni mes amis ni mon honneur ; ainsi je reste à Cirey, et je fais poursuivre l’abbé Desfontaines, et je ne quitterai jamais cette affaire de vue. Il y aurait trop de lâcheté à souffrir ce que l’on doit repousser.

Je me flatte que ni dans cette occasion, ni dans aucune, vous ne direz : Eh ! mordieu, qu’on me laisse souper, digérer et ne rien faire !

Soyez très-persuadé que des amis comme Mme du Châtelet et moi en valent peut-être d’autres, que tout change dans la vie, mais que vous nous retrouverez toujours.

L’affaire du palais Lambert va se consommer ; mais il faut auparavant que je sois sûr de rester en France.

Je reçois votre billet et la lettre du prince, qui m’envoie du vin de Tokay, et qui vous l’adresse.

Portez-vous mieux que vous ne faites, et mieux que moi.

Ce 29 au soir ; je vous embrasse.

  1. MM. Bavoux et François, éditeurs de cette lettre, lui ont donné par erreur la date du 29 novembre.