Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 939

Correspondance de Voltaire/1738
Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 1-2).
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939. — À M. LE BARON DE KEYSERLINGK[1].
Cirey, octobre.

Très-aimable Césarion,
Par votre épître j’apprends comme
Quelques vers griffonnés sur l’homme[2]
Ont eu votre approbation.

j’ai peint cette absurde sagesse
Des fous sottement orgueilleux ;
C’est à vous à vous moquer d’eux :
Vous n’êtes pas de leur espèce.

M. Michelet[3] nous a envoyé, monsieur, les plans du paradis terrestre de l’Allemagne, car celui de France est à Cirey. Je ne sais ce que j’aime le mieux en vous, ou la plume de l’écrivain qui écrit de si jolies choses, ou le crayon qui dessine une si aimable retraite. Vous nous fournissez tous les plaisirs qu’on peut goûter quand on n’a pas le bonheur de vous voir. Mme la marquise du Châtelet va vous écrire : elle est seule digne de vos présents ; mais j’en sens le prix aussi vivement qu’elle. Nous sommes unis tous en Frédéric, comme les dévots le sont dans leur patron.

Je serai, monsieur, toute ma vie, avec l’attachement le plus tendre, votre, etc.

  1. La lettre de Frédéric à Voltaire, du 10 octobre 1739, contient un billet de Keyserlingk.
  2. Ce sont les vers dont se compose le sixième Discours en vers.
  3. Marchand cité dans une lettre de Frédéric, du 15 avril 1739.