Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 914

Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 543).
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914. — À M. PITOT[1].
Cirey, 4 août.

Je ne veux pas croire, mon cher ami, ce qu’on me mande de plusieurs endroits, que M. l’abbé de Molières, votre confrère, se joint avec l’abbé Desfontaines, pour mettre des invectives contre moi dans la feuille des Observations.

Je ne puis penser qu’un homme de mérite se joigne à un scélérat, et un savant au plus ignorant écrivain, pour outrager un honnête homme qui ne lui a jamais voulu nuire, et qui est plein d’estime pour lui.

Pour toute vengeance, je vous prie de lui donner un de mes livres de ma part, et de l’assurer que, si c’est lui qui écrit contre moi au sujet de la trisection de l’angle, il peut s’épargner cette peine ; je n’ai jamais traité de la trisection de l’angle, et n’en ai jamais même parlé à personne de ma vie.

S’il me hait parce que je ne crois pas aux tourbillons, qu’il me pardonne en faveur de l’estime que j’ai pour ses ouvrages et pour sa personne : on peut être de communion différente sans se haïr. Les philosophes ne doivent pas ressembler aux jésuites et aux jansénistes.

Je vous embrasse, mon cher philosophe.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.