Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 898

Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 526-527).
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898. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
11 (juillet 1738).

Vous m’aurez fait, mon cher abbé, un très-sensible plaisir si vous avez donné les douze cents livres à M. Nollet, avec ces grâces qui accompagnent les plaisirs que vous faites. Je vous prie de lui offrir cent louis s’il en a besoin. Ce n’est point un homme ordinaire avec qui il faille compter. C’est un philosophe, c’est un homme d’un vrai mérite, qui seul peut me fournir mon cabinet de physique, et il est beaucoup plus aisé de trouver de l’argent qu’un homme comme lui.

Je vous recommande encore M. Cousin. Je vous prie de lui donner tout l’argent dont il aura besoin pour faire les commissions dont il se charge par rapport à ces livres. Je vous prie de lui faire mille amitiés, et de le bien encourager dans le dessein qu’il a de venir étudier la physique avec moi à Cirey. On trouve peu de jeunes gens qui veuillent ainsi se consacrer aux sciences, et, encore moins, qui joignent les talents de la main aux connaissances des mathématiques : ménagez-le-moi, je vous en supplie. Vous avez la lettre pour M. Hérault, que vous aurez la bonté d’envoyer avec un Newton relié en veau. Vous prendrez pour vous et pour vos amis les livres que vous souhaiterez.

Si vous voulez prendre la peine, même, d’en faire rendre quelques-uns dans votre quartier, grand merci.

M. Cousin ira chez M. Thieriot, et fera tous les voyages et les emballages, il ira chercher les livres chez le relieur. Il faut bien qu’il se donne un peu de peines[2].

  1. Édition Courtat.
  2. La fin de la lettre 893, du 3 juillet précédent, à partir des mots : « Vous donnerez donc, mon cher abbé, cinq cents livres à Prault, » est ici répétée textuellement.