Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 852
Je reçois, mon cher Thieriot, un paquet de notre prince philosophe qui m’en apprend de bonnes[1]. Mais pourquoi, s’il vous plaît, n’accompagnez-vous pas vos paquets d’un petit mot de votre main ? Pensez-vous que le commerce de l’héritier d’une couronne me soit plus cher que celui d’un ami ?
Urbis amatorem Thirium salvere jubemus
Ruris amatores · · · · · · · · · · · · · · ·
Mme la marquise du Châtelet a eu chez elle M. et Mme Denis. On a été extrêmement content, et je les ai vus partir avec regret. Si vous pouviez trouver un mari dans ce goût-là à la Serizy, vous lui rendriez un bon service. Je cherche à présent un Strahon[2], un garçon philosophe, qui puisse m’aider en physique, mente manuque, un petit diminutif de la race des Vaucanson. Une bonne maison, de la liberté, de la tranquillité, quatre ou cinq cents livres bien payées par an, et la disposition d’une bibliothèque de physique complète, et d’un cabinet de mathématiques, feraient son sort. Au reste, ce goût pour la physique n’éteint point celui de la littérature. Envoyez-moi donc ce qu’il y a de nouveau. On me parle d’une ode excellente de Gresset sur l’Amour de la Patrie, et d’une épître du Père Brumoi sur la Liberté[3]. Peut-être sont-ce de vieilles nouvelles qui arrivent tout usées.
Si vous venez à Cirey, j’ai quelque chose pour vous qui vous sera très-agréable et très-utile. Vale.