Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 777

Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 311-313).
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777. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 14 (septembre 1737).

En réponse aux vôtres du 11 et du 12.

J’ai reçu, mon cher abbé, la rescription de quatre mille livres…

Je vous envoie ma signature pour la pension. Je n’ai jamais cru devoir quinze cents livres à M. du Verney. Je vous prie de dire au commis que M. du Verney m’avança une fois une année de la pension de la reine, dont il a dû se payer par ses mains, puisque j’ai laissé cette année à toucher. Au surplus, faites entendre, je vous prie, qu’on me fera grand plaisir de me laisser jouir de l’argent du Trésor royal, dont j’ai un très-grand besoin, et dont je serai très-obligé.

Je sais si bien que ma délégation de quatre mille livres de rente est sur la terre du Faou, que je vous ai prié de vouloir bien arranger avec l’intendant, à l’amiable, que cette rente soit payée dorénavant entre vos mains par le fermier du Faou, comme la rente due par M. d’Estaing a été payée jusqu’à présent par le fermier de Belle-Poule. Tout l’embarras qu’il y aurait, ce serait de désobliger M. de Riclielieu, en paraissant marquer une défiance injuste ; mais ce que je propose n’est que pour épargner à M. de Richelieu des détails désagréables, et pour empêcher que, la dette s’accumulant, il n’ait un trop grand fardeau à porter. Cela se peut aisément concilier avec l’intendant, que vous pouvez assurer solidement de ma reconnaissance, quand tout sera terminé. Il ne s’agit donc que de faire agréer l’acceptation du contrat, et de le faire accepter par le fermier du Faou.

Lacune.

…à MM. des fermes en la faveur de leur caissier. M, Gautier, et agir par les voies de la justice par devant la commission. On ne peut s’en dispenser. Chargez de cela, mon cher abbé, quelque avocat au conseil, honnête homme.

On nous prie d’envoyer incessamment les tableaux de Chevalier.

Je prends la cheminée de marbre de quatre-vingt-cinq livres.

Je vous prie de m’envoyer un mémoire de la façon dont les fumistes s’y prennent pour empêcher la fumée.

Lacune.

Des nouvelles :

J’ai écrit à M. Pitot, de l’Académie des sciences, pour qu’il voie au sujet des machines que je demande, auxquelles il se connaît très-bien. Ayez la bonté de lui demander un rendez-vous, afin de ne perdre votre temps ni l’un ni l’autre.

Je veux une bonne machine pneumatique, un bon télescope de réflexion, ce qui est très-rare, une sphère copernicienne ; par suite, un verre ardent des plus grands, et non un miroir ardent.

Je prie monsieur votre frère d’aller trouver Prault, et de lui dire que, s’il veut donner douze cents livres de l’Enfant prodigue, six cents livres comptant et six cents après l’impression, on lui livrera le manuscrit avec l’approbation, pourvu qu’il n’ébruite pas la chose avant le temps.

En retirant les tableaux de Chevalier, vous êtes prié de lui donner un louis de récompense.

Adieu, je vous embrasse de tout mon cœur.

Je ne vous ai point parlé de l’aumônier que vous m’avez envoyé, parce que je ne le vois guère qu’à la messe. Il aime la solitude ; il doit être content.

Je ne pourrai travailler en chimie que quand un appartement que je bâtis sera achevé. En attendant, il faut que chacun étudie de son côté.

Voilà bien des commissions, mon cher ami. J’ai répondu à tous vos articles, mais je ne vous ai point dit à quel point je suis touché des marques de votre amitié.

J’ai encore à vous dire que nous vous prions de faire emballer les tableaux de Chevalier, avant de partir.

Dites à monsieur votre frère de m’écrire pendant votre absence.

  1. Édition Courtat.