Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 768

Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 297-298).
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768. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
15 au soir (juillet 1737).

En réponse à votre lettre du 12.

Faites partir votre homme, mon cher abbé, sur-le-champ, à cinquante sous par jour. Il ne faut que cinq jours tout au plus, et c’est à condition qu’il ne lui sera payé que cinq jours pour aller, et cinq jours pour revenir. La route est de Paris à Troyes, de Troyes à Bar-sur-Aube, de Bar-sur-Aube à Cirey. Il n’a qu’à suivre toujours le grand chemin jusqu’à Bar-sur-Aube, avec sa perruche, ses serins, et ses thermomètres. Si vous pouvez le charger de la montre à répétition, vous ferez une affaire dont je serai bien satisfait.

Voyez, je vous prie, si, parmi les livres qui me restent, il n’y a pas deux tomes d’Éphèmèrides de M. Lahire et de Cassini, qui font corps avec les volumes de l’Àcadémie que j’ai. En ce ras, je vous supplie de me les envoyer. J’oubliais encore de vous parler du bonhomme de chimiste que vous nous proposez. Il devrait prendre le parti de venir ici. Il y serait d’une liberté entière, pas mal logé, bien nourri. Il faudrait qu’il dît la messe les dimanches et les fêtes dans la chapelle du château. Je vous prie de me mander ; au plus tôt sur quoi on peut compter.

Je reviens encore à nos thermomètres. On nous a dit que des liqueurs fortes dans lesquelles on plonge le thermomètre le font monter. Je vous jure qu’il n’en est rien, et qu’il n’y a aucun corps dans la nature qui, exposé longtemps à un air égal, fasse la moindre impression sur le thermomètre. De l’eau et de l’esprit-de-vin, de l’eau-forte et de l’huile, laissent le thermomètre comme ils le trouvent. Dites cela, je vous en prie, à votre homme.

On vient de me donner une autre route pour Cirey[2] : celle-ci est la plus courte.

  1. Édition Courtat.
  2. Cette route n’est pas indiqué dans la lettre de Voltaire. (C.)